Mot de Patrick Deixonne au sujet du projet de Boyan Slat et de l’interdiction des sacs plastiques

Septieme Continent Revue De Presse 5

Respect à ce jeune homme pour ce qu’il entreprend, ainsi qu’à la courageuse décision de notre Ministre d’interdire les sacs plastique. Leur implication sur le sujet de la pollution de l’environnement par le plastique va vers le plus grand bien de nos océans, nous les en remercions.

Mais, car il y a un MAIS, attention que ces annonces ne fassent penser que le problème est résolu. Que nous pouvons tranquillement tourner la page et passer à autre chose. C’est loin d’en être le cas.

Il ne faut pas minimiser l’ampleur de cette catastrophe écologique sous couvert d’éventuelles solutions à son élimination. Ces idées risquent retenir l’attention des médias et du public qui éluderont la cause même de cette pollution en pensant qu’une solution est trouvée.

Nous sommes d’accord pour dire qu’il est temps de trouver des solutions. Mais nous n’en sommes qu’au stade d’essayer de comprendre cette pollution, de la dénoncer, d’en analyser les répercussions. Les solutions devront être plus globales que celles de ramasser les déchets dans les océans ou d’interdire l’utilisation des sacs plastique.

Il faut se rendre sur place au milieu des océans pour se rendre compte de l’immensité et de la complexité du phénomène. C’est ce que nous faisons avec les Expéditions 7° Continent. A ce jour, toutes les données de concentration de macro déchets et de micro déchets sur différentes profondeurs sont inconnues de tous. Nous y travaillons, nous n’en sommes qu’au début de la recherche scientifique.

Échantillonnage de l’étude des microplastiques

La lumière ultraviolette affaiblit les chaînes de polymère jusqu’à ce qu’elles se cassent en micro-particules saturées de produits chimiques toxiques. Principal obstacle à son recyclage. Ces micro-particules constituent le problème principal de cette pollution, parfois plus petites que du plancton, invisibles à l’oeil nu, avalées par les poissons, c’est le cœurdu problème lié à cette pollution. Chaque morceau de plastique flottant est une véritable plateforme de vie, la méthode de séparation du plastique avec la vie ne sera pas sans conséquences.

Les déchets plastique n’iront pas tout seul dans la gueule d’une machine de ramassage, dans les grands tourbillons marins, il y a aussi des mini tourbillons tournant à l’inverse du principal. Ce n’est pas un lac.

Des dépressions traversent les zones océaniques avec une extrême violence. Nous l’avons observé lors de notre séjour au milieu de l’Atlantique, des trombes d’eau, des orages, des tempêtes, rien n’est simple dans cet environnement. L’océan est indomptable et très peu de matériels lui résistent. Laisser une machine autonome des années dans le milieu marin paraît utopique. Tous les marins vous le diront, la mer est destructrice, rien ne lui résiste, pas même les plateformes pétrolières qui sont sous surveillance 24h/24h et entretenues d’une façon permanente.

Les contraintes de nettoyage des «continents » de déchets sont si importantes que nous sommes donc sceptiques sur l’efficacité de ce type de projet. Nous en encourageons néanmoins la démarche et invitons la communauté scientifique internationale à se mobiliser sur le sujet.

Les premières étapes pour réduire le problème sont de diminuer la consommation de plastique avec des solutions alternatives aux plastiques chimiques et d’informer et éduquer la population au sujet de la dispersion des déchets et de leur impact sur la nature. C’est notre avis sur des projets qui sont utiles mais qui ne doivent pas, nous le répétons détourner notre attention de la réalité et la complexité du problème.

Patrick DEIXONNE – Chef d’Expédition 7ème Continent

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