Journal du vendredi 16 mai 2014
Aujourd’hui nous nous remettons au travail. Nous avons rencontré une classe de Saint Germain en Laye via notre liaison Skype. Nous saluons d’ailleurs le travail de notre équipe à terre qui s’investit dans le projet pédagogique de l’Agence de l’Eau Seine-Normandie afin de sensibiliser le plus grand nombre possible de jeunes, les futurs décideurs de notre société. Les classes ont ramassé plus de vingt sacs de déchets, dont des tabourets et autres gros objets. L’action des scolaires progresse vers l’embouchure de la Seine puisque les futures classes seront celles de Rouen et ensuite du Havre.
Alexandra, notre chimiste du CNRS, leur a expliqué la problématique des plastiques, qui sont capteurs puis vecteurs de polluants.
En effet, on connaît assez bien les nombreux impacts directs des plastiques sur le milieu marin : dégradation de la qualité esthétique des paysages côtiers, captures accidentelles de grands prédateurs comme les oiseaux ou les mammifères marins par les filets abandonnés, obstruction du système digestif de prédateurs qui ingèrent des plastiques en les confondant avec des proies, introduction de nouvelles espèces qui voyagent fixées sur des macro-déchets, diminution des échanges gazeux et de l‘accès à la lumière sur les fonds marins recouverts par des plastiques… Ce que l’on connaît moins bien mais qui est tout aussi préoccupant, ce sont les impacts indirects des plastiques, liés à leurs propriétés chimiques.
Un certain nombre de polluants, comme le bisphénol A, rentrent dans la composition des plastiques. En outre les plastiques ont la propriété d’adsorber les polluants organiques (DTT, Phtalates, hydrocarbures…) présents dans leur environnement, et en particulier dans les milieux côtiers souvent pollués. Il a pu être montré que dans certains cas, le plastique présent dans les rivières est 100000 fois plus concentré en PCB que le milieu environnant.
Au fur et à mesure de leur dégradation dans le milieu marin les plastiques vont disséminer toutes les toxines qu’ils contiennent, polluant ainsi des milieux qui ne l’étaient pas, comme les milieux océaniques. Ils peuvent être consommés par les organismes marins qui les confondent avec des proies. C’est le cas des grands prédateurs mais aussi des plus petits qui peuvent confondre les microplastiques avec du plancton. Pendant la digestion, les plastiques vont relarguer leurs polluants dans les organismes qui les ont consommés. Lorsque ces polluants atteignent des concentrations importantes, ils peuvent avoir un impact sur la santé des animaux qui les ont ingérés.
On peut donc faire l’hypothèse que dans un milieu présentant une forte concentration de plastiques, comme les gyres océaniques, l’eau et toute la chaine alimentaire sont contaminés par les polluants rejetés par les plastiques. Mais tout cela a été pour le moment très peu étudié. C’est donc sur cette problématique que nous avons concentré nos efforts pour le volet scientifique de l’expédition.
C’est une motivation de plus pour nous de savoir que nous ne sommes pas seuls dans cette aventure et que des centaines d’adolescents nous suivent et sont actifs à nos côtés.
Petite anecdote du jour : nous lançons les manips de prélèvement avec les filets Manta juste avant la visioconférence et pendant que nous discutons avec les classes, coup de théâtre : le bout d’un des filets rompt et nous le perdons. Heureusement les marins ont vite réagit et réussissent à le récupérer avec l’annexe du bateau.
Coté navigation, la météo est clémente mais le vent ne nous permet pas de faire la route souhaitée. Nous sommes trop à l’ouest. Les futurs bulletins météo (fichier Grib) seront importants afin de voir si nous pouvons progresser à la voile.
Marinement vôtre !